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Photo du rédacteurVéronique Kerdranvat

GCDO#09 - Véronique Kerdranvat - Une épopée guatémaltèque



Après des mois de voyages à travers le monde, j’allais enfin découvrir le Guatemala. J’avais 25 ans en 1991 et déjà derrière moi des kilomètres en mode “routard”. J’avais toujours aimé voyager en train, en bus, et me plonger dans les paysages exotiques, les regarder défiler sous mes yeux et baragouiner quelques mots avec les gens du pays. Contrairement à l’Asie que j’avais sillonnée plusieurs mois plus tôt, l’Amérique du Sud, grâce à l’espagnol que j’avais appris au lycée, m’offrait la possibilité de communiquer plus facilement avec les autochtones.


Passionnée par notre mystérieuse Histoire, je débarquai au Mexique, en octobre 1991, avec la ferme intention de vivre des expériences inoubliables. Je me réjouissais à l’avance de toucher les pyramides de Chichén Itzá et de Palenque : des sites majestueux qui m’apporteraient, en effet, des connaissances au-delà des enseignements couchés sur le papier. La chance de m’exprimer en espagnol me fit croiser sur mon chemin des Êtres lumineux, porteurs de vérités et du Savoir des anciens Mayas...


À Mérida, au nord du Yucatan, je fus invitée par des Mexicains à boire un verre dans un café local. Ils me confièrent ainsi leurs légendes et leurs traditions. Au moment de les quitter pour rejoindre mon bus de nuit en direction de Palenque, le plus âgé d’entre eux m’offrit un médaillon “porte-bonheur” sur lequel était gravée une pyramide entourée de deux serpents. Le vieil homme insista pour que je le garde toujours près de moi. Je l’ai toujours aujourd’hui, et il m’a certainement porté chance à plusieurs reprises. En effet, le soir même, lors de mon voyage de nuit entre Mérida et Palenque, nous aurions pu, plus d’une fois, finir dans un ravin si des anges gardiens n’avaient pas gardé l’œil ouvert sur cette jeune amoureuse écervelée, assise derrière le chauffeur, qui s’amusait au début du trajet à lui bander les yeux avec ses mains. Une expérience qui les excitait visiblement et les faisait rire aux éclats au bord des précipices... Je n’ai pas le souvenir d’avoir ri autant qu’eux ! Ceci dit, leur petit jeu ne dura heureusement pas trop longtemps, car, bercée par les ronronnements du vieux moteur, elle s’endormit rapidement.


Je gardais un œil ouvert toute la nuit et c’est pour cette raison que je choisis, quelques semaines plus tard, un bus de jour pour quitter le Mexique en direction du Guatemala. Pendant douze heures, le voyage entre San Cristobal de las Casas et le lac Atitlán m’offrit des scènes de vie authentiques et des paysages à couper le souffle.

Fidèle à ses traditions mayas, le Guatemala est non seulement connu pour ses sites archéologiques mais aussi pour ses paysages volcaniques. C’est un petit pays bordé au Nord par le Mexique, à l'Est par le Belize et au Sud par le Salvador et le Honduras. Son nom viendrait du nahuatl Cuauhtēmallān, qui se traduit par “lieu rempli d'arbres”. La jungle qui couvrait une grande partie du territoire a pu, en effet, donner son nom au pays. Il y a quelques années encore, les ceibas et les nombreux grands arbres tropicaux flirtaient avec les chênes, les conifères, les avocatiers, les acajous et les palétuviers.


Le bus traversait, ainsi, des villages pittoresques et des forêts luxuriantes. Assises près de moi, les femmes au teint cuivré portaient des jupes amples et des chemisiers colorés. Le huipil, orné de broderies chatoyantes, était différent d'un village à l'autre. Les motifs des tissages portaient souvent une signification symbolique, spirituelle et sacrée. Les broderies mayas représentant les symboles de la cosmogonie me rappelaient celles de mon Pays Bigouden.

À l’image des Aztèques, des Olmèques et des Incas, les Mayas ont fait l’objet de nombreuses légendes. Leurs origines restent mystérieuses, de même que les causes exactes de leur disparition. Les Mayas peuplaient autrefois les territoires correspondant aujourd’hui à l’Amérique centrale. Ils nous ont laissé des vestiges impressionnants dans le sud du Mexique, au Belize, au Honduras, au Salvador et au Guatemala. Ils possédaient des connaissances extraordinaires en matière d'architecture, de mathématiques, d'écriture, d'astronomie et de géométrie sacrée. Leur histoire s’est perdue dans la nuit des temps et c’est grâce à quelques manuscrits et aux livres sacrés du Chilam Balam et du Popol Vuh des Indiens Quichés du Guatemala que leur mode de vie a pu être étudié.

Les passagers me regardaient intrigués car il n’y avait pas d’autres touristes dans le bus. J’entamai, alors, la conversation en espagnol et tous les autres voyageurs qui ne somnolaient pas se joignirent à nous. Les douze heures passèrent très vite et quand nous arrivâmes à la gare routière d’Atitlán il faisait déjà nuit.


Niché au cœur du Guatemala, à 1500 mètres d’altitude, le lac Atitlán était réputé pour son originalité. Surplombé par trois imposants volcans, il avait pris place dans une caldeira formée il y a 84 000 ans par une puissante éruption. Il occupait une place privilégiée dans de nombreuses légendes mayas et aurait même inspiré Antoine de Saint-Exupéry, qui y séjourna après un accident d’avion en 1938. L’auteur du célèbre Petit Prince aurait vu dans la montagne Cerro de Oro, au pied du volcan Tolimán, un boa avalant un éléphant… Le lac Atitlán gardait-il un secret ?


Je dégotai une chambre chez l’habitant mais, toute la nuit, je fus réveillée par des tirs de fusil et des chiens errants. Le lendemain, on me répondit que c’était normal car de nombreux guérilleros occupaient la montagne. En quittant la guesthouse, je m’extasiai, après quelques pas dans les ruelles pavées, devant un décor grandiose qui me fit oublier les désagréments nocturnes. Le lac sacré brillait comme un saphir entre les volcans et les montagnes. Ici, tous les éléments faisaient l’objet de cultes, entre symbolisme naturel et chamanisme. Le lac était très respecté et les Mayas l’appelaient “grand-mère Atitlán”.


Découvrez la suite du voyage de Véronique Kerdranvat dans les pages de Génération Cités d'Or #09 :



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