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GCDO#08 - Romain Prioux - Pays Basque : l'héritage Atlante



Difficile de parler du peuple basque sans évoquer le mystère de ses origines. Les Basques parlent une des langues les plus anciennes du continent européen, ils possèdent des coutumes uniques et sont porteurs de particularités physiologiques, comme une très forte proportion du rhésus négatif. Qui sont-ils vraiment ? Et d’où viennent-ils ?

Tentons ensemble de percer le mystère des origines des Basques.


Une langue très ancienne

Les basques sont un peuple à part en Europe, et ce depuis très longtemps. Qu’est ce qui les différencie à ce point des autres ? La réponse : leur langue et leur génétique ! Ces caractéristiques ont certes été étudiées, mais il s’avère que la science peine à trouver une explication satisfaisante.


La question intrigue et fascine les chercheurs depuis que les linguistes ont montré que la langue basque, appelée l'euskara (prononcé "éouche-kara"), n'a aucune parenté avec les langues indo-européennes ni avec aucune autre famille de langue. Il s’agit d’un “isolat linguistique”, tout comme le sont le hongrois et le finnois, les 2 autres exceptions européennes.

Qui plus est, l’origine de cette langue reste floue et indéterminée. Une chose est sûre : C'est la plus ancienne langue d'Europe encore vivante. Le chercheur basque Jose Miguel Barandiaran présenta l'hypothèse selon laquelle l'euskara serait d'origine préhistorique après analyse de divers mots basques qui décrivent clairement des instruments et des concepts propres à la Préhistoire. Il dit lui-même que “la langue basque a conservé des éléments de vocabulaires qui datent de l'âge de pierre”. Un des exemples est le mot aitzkora (hache) qui comporte la racine aitz signifiant “pierre”, ce qui signifie que l'instrument était alors fait de pierre, alors qu'à partir du néolithique, cet outil était fabriqué en métal (fer, cuivre ou bronze). Le même exemple peut être reproduit avec aitzur (la bêche ou la houe), ou encore aitzto (le couteau).

Pour notre préhistorien basque, cela ne fait aucun doute : les outils fabriqués en métal ont conservé le nom qu'ils avaient lorsqu'ils étaient encore en pierre, il y a de cela plusieurs millénaires. Pour lui, l'euskara faisait sûrement partie d'une famille linguistique depuis la préhistoire, il y a plus de 8 000 ans, et elle est la seule à avoir survécu.


Les groupes sanguins

Les caractéristiques génétiques des Basques les plus connues du grand public sont les fortes fréquences du groupe O ainsi que du rhésus négatif. Concernant le rhésus négatif, c’est vrai : les Basques sont parmi les populations au monde qui ont la fréquence la plus élevée de rhésus négatif (jusqu’à 45% de la population). Pour certains chercheurs, cette forte proportion de rhésus négatif représenterait peut-être un caractère des populations européennes avant l’arrivée de l’agriculture, soit il y a plus de 8 000 ans.

Pour ce qui est du groupe O, c’est un peu moins vrai. En effet, les basques ont certes une forte proportion du groupe O ; seulement, ce n’est pas une caractéristique qui leur est propre. D'autres peuples comme les Islandais, les aborigènes d'Australie ou certains amérindiens ont également un taux du groupe O très élevé. Chez les amérindiens non-métissés, il est d’ailleurs quasiment le seul groupe sanguin représenté (97% des Utes au Montana, 91% des Sioux au Dakota ou 98% des Tobas en Argentine).

Une autre caractéristique sanguine est liée au groupe B, qui présente chez les Basques sa plus faible proportion à l’échelle européenne (inférieure à 3%). Ce groupe B est surtout représenté dans certaines zones d’Asie et sa fréquence décroît d’Est en Ouest, reflétant les migrations asiatiques en Europe au fil des millénaires. Ainsi, cette très faible proportion chez les Basques pourrait notamment s’expliquer par le peu de mélange avec ces peuples venus d’Asie.


Les européens viendraient-ils en partie du Pays Basque ?

A partir de nombreux fossiles, les anthropologues pensent que les premiers groupes humains ont occupé l’Europe occidentale il y a 35 à 40 000 ans (en provenance d’Afrique ?). Un peu plus tard, il y a environ 18 000 ans, une vague de froid intense va survenir durant la derniere glaciation. Les communautés humaines vont réussir à subsister dans un certain nombre de zones refuges possédant des climats plus favorables. L’une d’elles inclut le Pays basque actuel, au regard des objets et sculptures préhistoriques trouvés dans 2 grottes (flûtes, harpons, pilier gravé, etc.) .

Lorsque les conditions climatiques vont s’améliorer, il y a 10.000 à 15.000 ans, les humains vont repeupler l’Europe (ainsi que l’Afrique du Nord) à partir de ces zones refuges, emportant avec eux leur patrimoine génétique et culturel. Cette expansion pourrait être en relation avec la distribution de l'haplogroupe R1b qui domine en Europe occidentale. Certains chercheurs, comme Peter Forster qui a étudié les gènes de 10.000 Européens, vont même jusqu’à suggérer que les habitants du Vieux Continent seraient les descendants d'un groupe relativement localisé d'hommes et de femmes qui auraient habité dans la région entourant l'actuel Pays Basque, il y environ 20.000 ans. Ce qui reviendrait à dire que les Basques seraient les ancêtres des européens actuels.


Découvrez la suite de la piste Basque de Romain Prioux dans les pages du numéro spécial "civilisations disparues" de Génération Cités d'Or #08 :



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