“Au Gah Hâvani (lever du soleil), Hôma vint vers Zarathustra
Qui purifiait autour du feu et chantait les Gâthâs.
Zarathustra lui demanda : Homme, qui es-tu,
Toi qui, de tout le monde corporel, es l’être le plus parfait que j’aie vu,
par ce corps à toi, brillant, immortel ?
Alors Hôma le saint, qui écarte la mort, me répondit :
Je suis, ô Zarathustra, Hôma le saint qui éloigne la mort.”
(Avesta, Yaçna, Chapitre IX, Paragraphes I et II)
Au VIIIe siècle avant J.-C., un prophète de légende aurait annoncé qu’un Grand Roi serait enfanté par une vierge à la fin des temps. Pour compléter sa prédiction, il dit à ses disciples : “Quand se manifestera le début de son avènement, de grands prodiges apparaîtront dans le ciel. On verra une étoile brillante au milieu du ciel, sa lumière l’emportera sur celle du soleil. Or donc mes fils, gardez le mystère que je vous ai révélé, qu’il soit écrit en votre cœur et conservé dans le trésor de vos âmes. Et quand se lèvera l’astre dont j’ai parlé, que des courriers soient envoyés par vous, chargés de présents, pour l’adorer et lui faire offrande. Ne le négligez pas, car il est le Roi des rois, et c’est de lui que tous reçoivent la couronne”. L’homme de la prophétie s’appelait Zarathoustra qui, dans la langue avestique de l’ancien Iran, signifie “étoile d’or” ou “splendeur du soleil”. Les Grecs lui donnèrent le nom de Zoroastre, en associant les mots Zoros (ce qui est “pur” ou “sans mélange”) et Astraios (relatif aux astres) pour évoquer cet ASTRE PUR dont la figure rayonna bien au-delà des frontières du vieil Orient. Mais Zarathoustra n’a jamais dévoilé son grand secret, attendant que celui-ci se manifeste avec la venue du divin enfant...
L’endroit où le Messie devait prendre corps était déjà connu à l’époque de Zarathoustra, puisqu’on attribue au prophète Michée (ayant vécu huit siècles avant les débuts de l’ère chrétienne) le livre dans lequel il est écrit : “Mais toi, Bethléem-Éphrata, si petite sois-tu parmi les clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui est appelé à gouverner Israël” (Michée, Chapitre 5, Verset 1).
Éphrata, qui veut dire “la féconde” en hébreu, était l’ancien nom de Bethléem ; les deux se confondant pour évoquer le lieu destiné à accueillir l’Emmanuel annoncé par l’oracle d’Isaïe (Chapitre 7, Verset 14) comme le rapporte Matthieu au début de son évangile : “Or tout ceci advint pour que s’accomplit cet oracle prophétique du Seigneur : Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l’appellera du nom d’Emmanuel, ce qui se traduit : “Dieu avec nous” (Chapitre 1, Versets 22 et 23).
En revanche, nul ne savait QUAND allait naître l’enfant merveilleux et, apparemment, personne ne sut reconnaître le “signe” annonçant sa venue. Personne en dehors de ces mystérieux individus qui n’apparaissent que dans l’évangile de Matthieu : “Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem en disant : “Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu, en effet, son astre à son lever et sommes venus lui rendre hommage” (Chapitre 2, Versets 1 à 3). Matthieu nous précise qu’encouragés par Hérode, les mages “se mirent en route ; et voici que l’astre, qu’ils avaient vu à son lever, les précédait jusqu’à ce qu’il vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant. A la vue de l’astre ils se réjouirent d’une très grande joie. Entrant alors dans le logis, ils virent l’enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l’or, de l’encens et de la myrrhe” (Chapitre 2, Versets 9 à 11). Les présents offerts au nouveau-né laissent penser que les mages n’étaient pas plus de trois, ainsi que nous le conte l’auteur de la Légende Dorée : “Lors de la naissance du Seigneur, trois Mages vinrent à Jérusalem. Leur nom latin c’est Appelius, Amérius, Damascus ; en hébreu on les nomme Galgalat, Malgalat et Sarathin ; en grec, Caspar, Balthasar, Melchior”. Toutefois, si l’on s’en tient aux propos de l’évangéliste, nous ne savons ni le nombre ni les noms de ces étrangers porteurs d’une nouvelle qui émut le roi Hérode, “et tout Jérusalem avec lui” (Matthieu, Chapitre 2, Verset 3). Rien, excepté qu’ils étaient originaires de cet Orient où l’on attendait depuis des siècles l’avènement de Saoshyant, le “Secoureur” doté de l’incroyable pouvoir de ressusciter les morts.
D’après Hérodote, les mages (ce mot dérivant du vieux persan Magu qui désignait un prêtre initié aux sciences sacrées) formaient une tribu à part entière chez les Mèdes. Ce peuple, descendant des Aryas, avait établi son empire dans les régions situées au sud-est de la mer Caspienne, entre le IIème et le Ier millénaire avant notre ère. Détrônés par la dynastie des Achéménides, ils finirent par se mêler aux Perses, pendant que leurs prêtres rejoignirent le clergé des nouveaux souverains. Considérés comme les initiateurs du mazdéisme, la religion primitive de l’Iran, les mages se seraient scindés en deux catégories après la réforme opérée par Zarathoustra ; les uns voulant conserver les pratiques de l’ancien culte, tandis que les autres allaient adopter les vues de la nouvelle religion. Ces derniers, chargés d’interpréter les révélations du prophète inspiré, furent surnommés les Zoroastriens, et c’est sans doute ce qui fit dire à Platon que les mages tenaient leur science d’un certain “Zoroastre, le fils d’Ahura Mazda” (“Alcibiade” 122a).
Dans le panthéon mazdéen, Ahura Mazda - ayant pris sous le règne des Sassanides le nom d’Ohrmazd résultant de la contraction d’Ahura (seigneur) et de Mazda (sagesse) - représente la divinité suprême. Dieu parmi les dieux, le Zeus iranien incarne la force agissant en toutes choses. Il est aussi le créateur du Saint (le principe bienfaisant) et du Malin (le principe destructeur) qui sont des esprits jumeaux, ainsi que le rappelle l’un des hymnes attribués à Zarathoustra : “ces deux esprits primitifs se rencontrèrent à l’origine pour créer la vie et la mort et le sort final de l’être” (Gâthâ Ahunavaiti, Chapitre XXX, Verset 4). Afin qu’ils puissent retrouver l’ordre parfait instauré dès l’origine par le Seigneur de la Sagesse, les hommes possèdent la liberté de choisir entre la lumière et les ténèbres symbolisées par Arhiman, le chef des mauvais esprits. Mais le Mal finirait par l’emporter sur le Bien si Ohrmazd n’avait caché au sein de sa création un SAUVEUR qui se révélera à la fin des jours, lorsque le monde se consumera dans un immense brasier.
Le mythologue Odolant-Desnos nous précise que de “ce vaste incendie, sortira un nouveau monde, un nouveau ciel plus parfait que ne le fut l’ancien, et destiné à durer éternellement ; les deux principes se confondront dans l’éternel, et chanteront les louanges de la lumière”. Une vision apocalyptique ressemblant étonnamment à celle que reçut l’apôtre Jean sur l’île de Patmos : “Alors la Mort et l’Hadès furent jetés dans l’étang de feu - c’est la seconde mort cet étang de feu - et celui qui ne se trouva pas inscrit dans le livre de vie, on le jeta dans l’étang de feu” (Apocalypse, Chapitre 20, Versets 14 et 15). “Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle - car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer, il n’y en a plus” (Apocalypse, Chapitre 21, Verset 1).
Pour les adeptes de Zoroastre, comme pour l’auteur de l’Apocalypse, le Mal disparaîtra et la Mort sera définitivement vaincue par la puissance du feu purificateur. Fils d’Ahura Mazda, Atar “le feu” est l’équivalent du dieu védique Agni auquel on attribue de nombreuses épithètes, telles que “celui qui appartient à tous les hommes” ou “rejeton de lui-même”. Le dieu Agni (que les Upanishad font naître d’une vierge après l’apparition de la grande étoile appelée Savanagraha) se présenterait sous les trois aspects du Feu, de la Foudre et de la Lumière. De même, l’Avesta enseigne qu’il existe plusieurs sortes de feu, le plus puissant de tous étant le feu divin qui brûlerait jusqu’au cœur des eaux. L’association contraire de l’Eau et du Feu se retrouve également dans l’union d’Ahura-Mazda avec sa fille-épouse Anâhita, la déesse des eaux et de la fertilité. Surnommée la “Toute Puissante”, “l’Immaculée” ou “la Pure”, Anâhita/Anatis est l’une des représentations de la Grande Déesse vénérée par tous les peuples du Moyen Orient. Cette souveraine du “Grand Royaume d’En Haut” prit le nom d’Inanna chez les Sumériens, alors que les Assyriens et les Babyloniens allaient lui donner la figure de la majestueuse Ishtar ayant pour emblème l’étoile à huit branches, l’Octogramme étant aussi appelé l’Étoile d’Ishtar. Et les mages imprégnés de la philosophie de Zoroastre étaient les seuls à pouvoir reconnaître l’étoile de la déesse qui devait les conduire jusqu’au DIEU VIVANT.
L’astronome Kepler a été le premier à émettre l’hypothèse, en 1606, que l’étoile des mages correspondait à un phénomène céleste exceptionnel - la conjonction des planètes Jupiter et Saturne dans la constellation des Poissons - qui se serait produit aux environs de l’an 7 avant Jésus-Christ. Pourtant, dès le IVème siècle de l’ère chrétienne, l’évêque Diodore de Tarse (qu’il ne faut pas confondre avec Diodore de Sicile) affirmait que “cette étoile n’était pas une de celles qui peuplent le ciel, mais une certaine vertu ou force urano-diurne, ayant pris la forme d’un astre pour annoncer la naissance du Seigneur de tous”. L’adepte Fulcanelli nous fournit également une information essentielle en nous révélant que “certaines roses, emblématiques du composé, ont un sens particulier qui souligne davantage les propriétés de cette substance que le Créateur a signée de sa propre main. Ce sceau magique révèle à l’artiste qu’il a suivi le bon chemin, et que la mixtion philosophique a été préparée canoniquement. C’est une figure radiée, à six pointes (digamma), dite Etoile des Mages, qui rayonne à la surface du compost, c’est-à-dire au-dessus de la crèche où repose Jésus, l’Enfant-Roi”. L’étoile du compost alchimique ou Compost Stella (d’où provient le nom de la célèbre ville de Saint-Jacques de Compostelle) serait donc cette ÉTOILE TERRESTRE faisant son apparition sur la matière fécondée par le germe divin Et c’est le même astre qui se lèverait dans le “ciel intérieur” des hommes marqués par le sceau du Tout-Puissant, comme le devin Balaam l’évoque dans son oracle:: “Oui, je le vois, mais ce n’est pas pour maintenant, je l’aperçois, mais non de près : un astre sort de Jacob, un sceptre se lève d’Israël” (Nombres, Chapitre 24, Verset 17). Soulignons enfin que si “l’étoile sert à désigner aussi bien la conception que la naissance” d’après Fulcanelli, celle-ci nous délivre un message différent en fonction du nombre de ses branches. Ainsi, le monogramme du Christ peut présenter la double forme d’une étoile à 6 ou 8 rayons, parce que le Chrisme symbolise les deux étapes d’une “conception” et d’une “naissance” qui transcendent les lois de la biologie.
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