La Camargue est une région qui a toujours fait naître des sentiments d’admiration, de respect et de crainte. Des siècles avant notre ère, les navigateurs de pays lointains voyaient en elle les portes de vastes territoires à découvrir et à conquérir. Mais cette “terre”, qui n’en était pas une, semblait se marier étrangement avec les eaux capricieuses d’un fleuve qui ne parvenaient pas à la submerger.
Ces portes s’ouvraient-elles sur des richesses paradisiaques ou cachaient-elles les entrées destructrices de l’enfer? Des textes plus anciens mettaient en garde les téméraires qui auraient osé braver ces avertissements. Pour les uns, c’était un delta divin, et pour d’autres, le delta du diable ! Quelle force surnaturelle modifie sans cesse les contours et les rivages de cette île aux multiples îlots qui sombrent et réapparaissent au fil du temps ? Ces mouvements, aussi imprévisibles aujourd’hui que dans l’Antiquité, peuvent supprimer toute vie qui les affronterait… Nos lointains ancêtres redoutaient l’évocation de leur chute dans les abîmes diaboliques de “l’enfer” ; un mot qui est encore présent dans la géographie de la région.
Lieu de contrastes et de mystères interprétés différemment selon les époques et selon les cultures, la Camargue nous interpelle par l’origine sinistre du nom qu’on lui donne et par la sublime histoire des Saintes Maries de la Mer et de leur servante Sara la noire. On peut considérer aujourd’hui que ces images, ces symboles et ces légendes ne sont pas sans fondements... Ces dernières nous entraînent vers des réalités historiques dont l’étude nous révèle le passé qui a fait de nous ce que nous sommes.
La suite dans les pages de Génération Cités d'Or #06 :
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